Une écriture, un art :

 

Les origines de l'écriture arabe
Les origines de l'écriture arabe sont à ce jour objet de discussion. L'école anglo-saxonne, propose une filiation nabatéenne alors que l'école française, préfère reconnaître à l'arabe une ascendance syriaque. En effet, les traces les plus anciennes apparaissent dans une inscription en caractères nabatéens, découverte à Namara, datée de 328 mais aussi dans une dédicace en grec, syriaque et arabe, trouvée dans la région d'Alep et datée de 512. Les Nabatéens, installés sur les terres bibliques du royaume d’Edom en Arabie du Nord (actuelle Jordanie) vers le IVe siècle avant Jésus-Christ et dont la capitale était Pétra, parlait une langue araméenne et écrivait en araméen.

En 106, les Romains, annexant le royaume nabatéen, l'incorporent à la province d'Arabie. L'écriture nabatéenne (qui note au début la langue araméenne) évolue peu à peu vers la notation de la langue arabe, fixant d'abord des noms propres puis de plus en plus de mots usuels ; sa forme commence à ressembler à l'écriture développée plus tard à Kufa et qui sera la première écriture arabo-islamique. L’écriture arabe est donc née aux alentours du VIe siècle de l’écriture cursive nabatéenne. 

Le developpement de l'écriture est chez les Arabes tardif du fait de leur état nomade qui favorisait surtout une culture orale. D’ailleurs, à la naissance de l’Islam, au début du VIIe siècle, le Coran fut d’abord diffusé par la tradition orale. Connue d'abord par des inscriptions lapidaires, l'écriture arabe se développe vraiment grâce à la révélation coranique (vers la fin du Ve s. et le début du VIIe s.), qui détermine à jamais le caractère sacré de chacune des lettres de son alphabet ; elle se déploie par la suite dans des copies de plus en plus nombreuses et somptueuses du texte du Coran, parallèlement à des formes plus cursives destinées à un usage courant. On peut considérer les premières formes d'écriture comme des alphabets consonantiques. Bientôt, afin de pouvoir les adapter aux différentes langues, il fallut y ajouter des signes susceptibles de symboliser les différentes voyelles (ce système porte le nom de Tashkeel) : tel sera le rôle des points et accents dont le nombre et les emplacements détermineront la prononciation et le sens. Ce système sera affiné par le fondateur de la grammaire arabe, Abul Aswad al Du'ali (688 de notre ère), puis par le gouverneur Omayade al Hajjaj ibn Yusuf al Thaqafi qui met au point une codification uniformisée. Enfin, al Khalil ibn Ahmad al Farahidi (786 de notre ère) remplace le système de Abu al Aswad par une codification universelle qui inclut six signes diacritiques : Fathah (a), Dammah (u), Kasrah (i), Sukun (sans voyelle), Shaddah (consonne redoublée) et Maddah (prolongation de la voyelle). Ce système se généralisera dès le début du onzième siècle de notre ère. 

Dans les siècles suivants et jusqu'à aujourd'hui, des dizaines de milliers de livres (commentaires religieux, ouvrages de philosophie, de sciences, de littérature et de poésie) témoignent de la diversité, de la maîtrise et de la splendeur de cette écriture.

Ses formes, connaissant les ligatures, se prêtent particulièrement à un usage décoratif ; les lettres dans leurs infinies variations ornent avec bonheur les édifices religieux, les faïences et les céramiques, le verre, les tissus.

Au cours des siècles, elle s'est répandue sur de larges régions de l'Afrique, en Europe et en Asie ; l'alphabet arabe, un peu aménagé, sert à noter de nombreuses langues à travers le monde, comme le persan (et sa calligraphie), l'ourdou, le malais, des langues africaines ; autrefois, le turc ottoman utilisait ses caractères et, il y a quelques siècles, l'espagnol.

 

L'alphabet arabe
Il comporte vingt-huit lettres, mais il ne dispose, en réalité, que de quinze caractères, treize consonnes étant notées au moyen de neuf lettres servant à noter plusieurs consonnes. Pour distinguer les différentes consonnes notées par une même lettre, on utilise des points simples, doublés ou triplés, placés sur ou sous la lettre.

Comme la plupart des écritures sémitiques, l'arabe ne note que les trois voyelles longues (a, i, u) au moyen des lettres notant la consonne glottale et les deux semi-voyelles ; après avoir utilisé des points pour indiquer les trois voyelles brèves, il a emprunté au syriaque trois signes, dérivés des voyelles grecques, qui sont suscrits ou souscrits.

L'arabe s'écrit de droite à gauche, et toutes les lettres, sauf cinq, se lient à la suivante ; en finale, sept lettres se terminent par un appendice placé sur ou sous la ligne ; il n'y a pas de majuscule.

Les vingt-huit lettres de l'alphabet peuvent être rangées selon l'ordre traditionnel des vintg-deux lettres des alphabets sémitiques, avec leur même valeur numérique, suivies des six lettres propres à l'arabe ; ou selon un ordre mnémotechnique dans lequel les lettres semblables, distinguées par des points, sont groupées les unes à la suite des autres (tel ci-contre). L'écriture arabe sert à noter de nombreuses langues non sémitiques : iraniennes, turques, indiennes, malaises et africaines ; pour noter les sons de ces langues qui n'existent pas en arabe, on utilise des points conférant au caractère arabe une nouvelle valeur phonétique.

 

Les styles
Au cours de son histoire, l'écriture arabe a beaucoup évolué, prenant des formes variées suivant les supports et les usages. À partir de l'écriture primitive, les calligraphes ont été amenés à créer, selon les époques et les lieux, un certain nombre de styles, dont on mentionnera les plus usités.

o Le style koufi, anguleux et géométrique : le koufi tire ses origines de la ville irakienne de Kufah, fondée au cinquième siècle de notre ère. Il combine harmonieusement lignes droites, angles, formes rondes. Dès la deuxième moitié du huitième siècle, il domina toute la calligraphie et fut universellement utilisé pendant les trois siècles suivants pour l'écriture du Coran. A partir du dixième siècle, avec l'avènement des styles cursifs, il joue un rôle plus ornemental. A partir de ce moment, il s'orne de petits motifs, d'appendices à l'apparence végétale. Il sera alors largement utilisé pour orner des bâtiments et des monuments, surtout à partir du treizième siècle

o Les styles cursifs, remontent aux premières années de l'ère musulmane, mais il faudra attendre le dixième siècle pour qu'apparaisse le premier style cursif utilisable en toutes occasions : le Naskh ou Neshkhi. Au seizième siècle, ce style connaîtra en Turquie des raffinements qui lui permettront d'être largement utilisé pour l'écriture du Coran. Parmi les différents styles cursifs aujourd'hui peu usité, citons le Thuluth (très ornemental, très arrondi, souvent utilisé pour les titres et les textes courts), le Muhaqqaq (moins arrondi que le Thuluth), le Tawqi avec ses multiples ligatures, le Diwani (voir l'illustration en haut de cette page), qui, né en Turquie, se caractérise par l'étirement des caractères et son aspect ornemental prononcé. Après avoir connu son apogée dans l'Empire ottoman, où il fut abandonné après l'adoption de l'alphabet latin, le Diwani poursuivit sa brillante carrière en Egypte. Le style naskhi, souple et arrondi, sans angle brusque est aujourd'hui utilisé pour la copie (naskh) des manuscrits, il a été aussi adapté à l'imprimerie, à la machine à écrire et à l'ordinateur, c'est aujourd'hui le style le plus employé dans les livres et les journaux.

o Le style thoulouthi, difficile à réaliser, les courbes devant représenter le tiers (thoulouth) de la ligne écrite ; il est utilisé, de nos jours, pour les titres des chapitres et des livres, ainsi que pour les inscriptions monumentales.

o Le style rouqa'i, usité jadis dans l'administration ottomane pour écrire les "missives" (rouq'a), il est actuellement employé pour la correspondance, les gros titres des journaux et la publicité.

o Le style maghribi, autrefois utilisé dans les pays du Maghreb, en Espagne musulmane et au Soudan, il tend, aujourd'hui, à être supplanté par le naskhi en Afrique du Nord.

o Le style farisi, léger et élégant, comme suspendu (ta'liq) sur la ligne ; créé par les calligraphes de la Perse pour les recueils de poésie, il est devenu le style prédominant chez les Persans, les Turcs et les Indiens.

 

 
L'alphabet arabe comporte 28 lettres, et chacune d'entre elles peut avoir jusqu'à quatre formes, selon qu'elle est placée isolément, en début de mot, au milieu d'un mot ou en fin de mot. A noter : certaines lettres de l'alphabet ont la même forme et ne se différencient que par le nombre et l'emplacement des points qui les ornent. Ainsi, on dénombre en fait 18 formes de base
 

Feuillet d'un coran en écriture coufique
IX-Xe siècle, parchemin, feuillet de 29,5 x 39,5 cm, 5 lignes à la page.
Paris, BnF, Manuscrits, div. orientale, Arabe.

Majesté et retenue de cette calligraphie coufique confèrent une dignité cryptique au nom d'Allah : Il n'appartient pas à un mortel auquel Dieu a donné le livre, la Sagesse et la Prophétie de dire ensuite aux hommes : « Soyez mes serviteurs, et non [pas ceux de Dieu]  ».
 

Sourate 1
AL-FATIHA

Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Louange à Allah, Seigneur de l'univers. Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, Maître du Jour de la rétribution. C'est Toi [Seul] que nous adorons, et c'est Toi [Seul] dont nous implorons secours. Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés .
 

Ottoman Turkey, circa 1500 - 1510 AD
 
Sourate 112
AL-IHLAS

Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Dis : « Il est Allah, Unique. Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons. Il n'a jamais engendré, n'a pas été engendré non plus. Et nul n'est égal à Lui ».
 

 

Voir aussi la rubrique :

La Calligraphie

 

Logiciels pour apprendre à lire et à écrire en arabe :

MiniPad arabe 698 Ko
Free Light Arabic 581 Ko