L'adoration de Dieu en Islam
 

Tout les Prophètes ont, tour à tour, appelé les hommes à adorer Dieu sans rien lui associer, comme le soulignent de nombreux versets du Coran. La mission du Prophète Mohammed a été de rappeler ce message fondamental, de purifier  l'adoration de Dieu des déviations des religions antérieures et d'enseigner aux hommes la forme définitive du culte et du mode de vie qui ensemble constitue l'islam. Mais adorer Dieu ne signifie pas seulement pratiquer le culte au sens strict du terme : le sens de l'adoration de Dieu en islam est bien plus vaste que cela, puisqu'il s'etend à chaque instant de notre vie, à la plus banale de nos actions.
Puisse cet ouvrage contribuer à faire mieux connaître l'islam et son enseignement et constituer un éclaircissent et un rappel, en particulier dans un domaine qui est parmi les plus importants de ceux auxquels touche la religion, à savoir l'adoration, but premier de la création de l'être humain.


Loué soit Dieu ; qu'Il nous vienne en aide et nous guide. Que Dieu nous protège du mal qui est en nous et de nos mauvaises actions. Que Dieu accorde la bénédiction et la paix au Prophète, à sa famille et à ses Compagnons, ainsi qu'à ceux qui auront suivi son enseignement.

Ceci est la deuxième édition, revue, corrigée et augmentée, de l'ouvrage L'adoration de Dieu en islam. Le voici sous une forme quelque peu différente de celle qu'il avait à l'origine, voici onze ans.

Ce livre ne porte pas sur les prescriptions juridiques relatives au culte, il cherche plutôt à définir le sens et le rôle de l'adoration de Dieu : c'est donc, en quelque sorte, une étude de la philosophie du culte en islam.
On pourrait encore, pour employer un terme plus traditionnellement islamique, parler de compréhension du culte (fiqh al-'ibâda), non pas dans le sens d'un examen des détails des pratiques cultuelles sous un angle juridique, mais plutôt dans le sens des versets coraniques :

« Nous avons détaillé les Signes pour un peuple qui comprend » Sourate al-An'ârn, « Les troupeaux », verset 98.

« Ils ont des coeurs avec lesquels ils ne comprennent pas » Sourate al-A'râf, « Les murailles », verset 179.

« Pour s'instruire dans la religion, et pour avertir les leurs lorsqu'ils reviendront chez eux : ainsi peut-être prendront-ils garde » Sourate at-Tawba, « Le repentir », verset 122.

- Ou encore de cette parole du Prophète (que la bénédiction et la paix soient sur lui) : « Celui à qui Dieu veut du bien, Il l'instruit dans la religion ».

L'adoration de Dieu ne se situe pas, en effet, en marge de la vie : elle est bien au contraire le principe fondamental auquel la révélation divine et les prophètes appellent les êtres humains, ou qu'ils leur rappellent si l'oubli ou l'égarement les en ont éloignés. Ainsi Dieu s'adresse-t-Il à Mohammad, le Sceau des Prophètes en ces termes :

« Nous n'avons pas envoyé de prophète avant toi sans lui inspirer: il n'y a pas d'autre divinité que Moi, adorez-Moi donc » Sourate al-Anbiyâ', « Les prophètes », verset 25

Le premier appel de tous les messagers de Dieu a toujours été : « Adorez Dieu, et éloignez-vous des fausses divinités » Sourate an-Nahl, « Les abeilles », verset 36

« Adorez Dieu, vous n'avez pas d'autre divinité que Lui ». Sourate al-A'râf, « Les murailles », versets 59, 65, 73, 85 ; sourate Houd, versets 50, 61, 84 ; sourate al-Mou'minoûn, « Les croyants », versets 23, 32.

Lorsque Dieu donna à la Révélation sa forme définitive avec le Coran et l'islam, et fit de Mohammad le Sceau des Prophètes, Il confirma cette vérité essentielle : Il annonça dans le Livre éternel que le but de la création de cet être responsable qu'est l'homme, c'est qu'il connaisse son Seigneur et L'adore. Tel est le secret de la création dans l'univers de cette espèce douée de parole, de raison et de volonté : « Je n'ai créé les djinns et les êtres humains que pour qu'ils M'adorent. Je n'attends d'eux aucun don et je n'attends pas d'eux qu'ils Me nourrissent ». Sourate adh-Dhâriyât, « Les ouragans », versets 56-58.

L'islam n'a jamais été l'apanage d'un peuple, d'une nation ni d'une époque en particulier : il a toujours été et demeurera à jamais le message de Dieu à l'univers, à tous les hommes quelle que soit leur race ou leur couleur, quels que soient le pays et l'époque où ils vivent. Dieu dit en effet : « Béni soit Celui qui a révélé peu à peu à Son serviteur le Livre du Discernement, afin qu'il soit un avertisseur pour les mondes » (al-Fourqân, v. 1). Il dit également en S'adressant à Son Prophète : « Et Nous ne t'avons envoyé que comme une miséricorde pour l'univers » (al-Anbiyâ', v. 107), et : « Dis : ô êtres humains, je suis pour vous tous l'Envoyé de Dieu » (alA'râf, v. 158).

Il est certes vrai que le Prophète de l'islam était arabe, que le Livre sacré de l'islam est en langue arabe, que l'islam s'est tout d'abord développé en terre arabe, que les premiers porteurs du message de l'islam étaient des Arabes, que les lieux saints de l'islam - comme la Ka'ba ou la mosquée du Prophète et son tombeau - se trouvent en terre arabe ; mais tout cela ne saurait en aucun cas faire de l'islam un message arabe ou national.

L'islam est, bien au contraire, un message universel, un message dans la diffusion et l'enseignement duquel les Arabes ont un rôle particulièrement important à jouer. Dieu dit en effet aux Arabes: « Nous vous avons envoyé un Livre où se trouve votre rappel - ne comprenez-vous donc pas ? » (al-Anbiyâ', v. 10) ; « C'est assurément un rappel pour toi et pour ton peuple, et on vous demandera des comptes » (az-Zoukhrouf, v. 44).

Cependant, les hommes, et même les musulmans, ont mal compris le sens de l'adoration de Dieu, aussi bien en théorie qu'en pratique, et l'ont détournée de son rôle véritable.

Ainsi certains ne considèrent-ils pas l'adoration de Dieu comme une fin en soi : ce n'est pour eux qu'un moyen de corriger les âmes, d'éduquer les consciences. En outre, ce n'est pas pour eux le seul moyen ni le meilleur pour atteindre cet objectif, puisque le même rôle peut être joué par les divers moyens « civils » employés par certains peuples et pays, même athées, pour former de bons citoyens.

D'autres, tout en reconnaissant l'importance du sentiment religieux, le détournent de sa juste destination en adorant d'autres que leur Seigneur, « le Très-Élevé, qui a créé et façonné, décrété et guidé ». Ils associent à Dieu, ou Lui substituent, d'autres divinités. Ils se prennent les uns les autres pour maîtres à la place de Dieu. Voici que même les musulmans de notre époque se sont laissés contaminer par un tel égarement : certains d'entre eux glorifient ou vénèrent d'autres que Dieu, prononcent des voeux ou égorgent des bêtes au nom d'autres que Dieu, vouent à d'autres que Dieu une obéissance absolue !

D'autres encore reconnaissent certes l'importance du sentiment religieux et adorent effectivement Celui qui en est digne, mais ils n'adorent pas Dieu de la manière qu'Il a ordonnée. Ils n'observent pas les prescriptions de la Loi divine relatives aux pratiques cultuelles, et en inventent d'autres qu'Il n'a pas permises. S'écartant de la voie harmonieuse tracée par le Prophète , ils s'imposent une rigueur excessive. Ils entourent la pratique religieuse d'innovations hétérodoxes héritées de ceux qui, avant eux, avaient déjà déformé leur religion. Ils ignorent l'immense rénovation apportée par leur religion dans le domaine du culte : l'islam a en effet rectifié les erreurs où étaient tombées les religions précédentes, et institué des règles et des principes préservant le culte de tout excès et de tout détournement.
D'autres enfin n'ont que partiellement compris la signification de l'adoration de Dieu, dont Dieu a fait le but de la création. Pour eux, adorer Dieu se limite à pratiquer les divers rites, comme la prière, le jeûne, la zakat et le pèlerinage, à invoquer Dieu et à réciter le Coran.

Cette compréhension tronquée les conduit à ignorer les ordres et les interdictions, les prescriptions et les recommandations que l'islam émet dans tous les domaines de la vie. Or, comme l'affirment le Coran et la Sunna et comme les pieux anciens l'avaient bien compris, l'adoration de Dieu s'étend à la religion tout entière, et à la vie tout entière.
C'est pourquoi il nous a paru indispensable de corriger ces conceptions erronées de l'adoration de Dieu, qui se sont répandues parmi nombre de musulmans contemporains. Nous avons ainsi voulu écarter les idées fausses que certains voudraient inculquer aux musulmans quant à l'importance et au rôle du culte dans l'islam, et montrer ce qu'adorer Dieu signifie réellement, afin que l'on comprenne la portée, l'objectif et le sens profond de l'adoration de Dieu ainsi que la rénovation positive apportée par l'islam en ce domaine. Cela nous permettra de savoir qui adorer (Dieu Tout-Puissant), pourquoi L'adorer, par quel moyen et de quelle manière.

Cela nous a également conduit à étudier le sens profond des pratiques cultuelles islamiques fondamentales, ce qu'on appelle les rites de l'islam, c'est-à-dire ce qui est couvert par le terme juridique de « pratiques cultuelles > .
Nous avons conclu ce livre par un chapitre consacré à la meilleure manière d'enseigner ces rites ou pratiques cultuelles qui font partie des piliers de l'islam

J'espère avoir atteint par cet ouvrage l'objectif que je m'étais fixé, à savoir de lever le voile sur cet aspect fondamental de la religion musulmane que Dieu a parachevée pour nous, par laquelle Il a accompli Sa grâce et qu'Il a agréée comme étant notre religion.

J'implore Dieu de faire que cet ouvrage profite à son auteur, à ses lecteurs et à son éditeur, de pardonner les erreurs ou les maladresses qui auraient pu s'y glisser et de nous aider à Le servir en toute sincérité, à observer Sa Loi et à nous élever à l'idéal de « c'est Toi seul que nous adorons, et de Toi seul nous implorons le secours » : Dieu entend et exauce les invocations.



Editions : Arrissala
Prix : 19,66 €

Cheikh Youssouf Al-Qaradâwî