Il
serait prétentieux de parler du Coran en quelques lignes. D'ailleurs, cette introduction traite
la question sans jamais épuiser le sujet. Des indications supplémentaires sont néanmoins
susceptibles de compléter quelque peu les différents chapitres étudiés.
Le Coran n'est pas une oeuvre créée de
toute pièce par un poète (châ'ir) si génial, soit-il, ni celle d'un devin (kâhin)
aux puissances occultes. C'est une Révélation communiquée par Dieu à Son Prophète : « que ceci [le Coran] est la parole d'un noble Messager, et que ce n'est pas la
parole d'un poète; mais vous ne croyez que très peu, ni la parole d'un devin, mais vous vous
rappelez bien peu. C'est une révélation du Seigneur de l'Univers.» C 69: 40-43, «Ce (Coran) ci, c'est le Seigneur de l'univers
qui l'a fait descendre, » C
26:192.
Le Coran n'étant pas le produit de sa
propre réflexion, le Prophète, au moment de la " descente " (tanzîl) des
versets, les répétait afin d'en retenir le sens et les expressions. Dieu lui ordonna de
s'abstenir d'user de ce procédé car Il lui appartenait de réunir la récitation et de la
faire comprendre à Ses créatures : « Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation : Son
rassemblement (dans ton coeur et sa fixation dans ta mémoire) Nous incombent, ainsi que la façon
de le réciter. Quand donc Nous le récitons , suis sa récitation. A Nous, ensuite incombera
son explication ». C. 75:16-19.
Le Messager de Dieu recevait la Parole divine par l'intermédiaire de
l'ange Gabriel, nommé " l''Esprit fidèle " par le Coran. Le Prophète, en sa qualité
d'avertisseur, la transmettait à son tour aux hommes : " L'Esprit fidèle est descendu
avec lui sur ton coeur pour que tu sois au nombre des avertisseurs " (S. XXVI, 194, 195).
La Révélation se produisait ainsi : illettré,
donc incapable de lire les livres sacrés encore moins en araméen ou en hébreux, l'Envoyé de
Dieu recevait le message d'une façon auditive. Il percevait un fort tintement de cloche. Il était
saisi d'une fièvre si intense qu'une sueur abondante coulait de son front y compris pendant les
périodes de grand froid. Il pâlissait et rougissait et tous ses membres tremblaient. Son corps
s'alourdissait d'une manière telle qu'un jour son chameau ploya sous son poids.
Le Coran fut révélé graduellement durant
plus de vingt ans, selon les circonstances politiques et religieuses. Ceci explique sa
composition fragmentaire de sorte que les thèmes ne sont pas regroupés par chapitres.
Le Livre sacré n'a pas été recensé selon l'ordre
chronologique de la Révélation mais selon la longueur des sourates. Il en renferme cent
quatorze de longueurs inégales. La plus courte comprend trois versets et la plus longue en
englobe deux cent quatre-vingt-six. Certaines, révélées à La Mekke, d'autres à Médine, ont
reçu un titre ; la vache, la fourmi, la caverne, les fractions, etc. Postérieurement au Prophète,
le Coran fut divisé en soixante parties (hizb) et aussi en deux cents parties appelées "
rubû' ". Chaque sourate se compose de plusieurs versets (âyât). Le Coran en
comprend six mille deux cent dix-neuf qui sont autant de signes et de miracles. Le mot âyâ
est souvent accompagné d'un adjectif comme clair, évident... car son objet consiste à
convaincre les hommes.
Du temps du Prophète, les versets coraniques
étaient mis par écrit sur des os plats, des pierres, des peaux, des feuilles de palmiers... et
aussi appris par coeur intégralement ou en partie par les croyants. Abu Bakr rassembla tous ces
fragments sur le conseil d'Omar et les réunit en un seul opuscule. Un comité se chargea de ce
travail. Cette décision fut prise à la suite de la mort de plusieurs lecteurs du Coran lors de
la guerre engagée contre le faux prophète Musaïlima. Il était à craindre la disparition à
la longue du texte sacré. La recension officielle de ce dernier se réalisa définitivement
sous le khalife Othmane qui mit ainsi fin à la diffusion d'autres écrits légèrement
incorrects.
Différentes expressions désignent le Coran
dont le style varie suivant les époques de la Révélation. Outre le mot qur'ân qui dérive
de la racine qara'a (réciter, lire), les quelques autres termes qui s'y appliquent sont çuhuf
(feuilles), Kitâb (livre) ; deux appellations qui se réfèrent également aux
Livres antérieurs à la prédication du Prophète, Furqân qui définit aussi l'Écriture
confiée à Moïse, et aussi la " Mère du Livre " : " Dieu efface ou confirme ce
qu'il veut. La Mère du Livre se trouve auprès de lui " (S. XIII, 39). Si les mêmes
vocables sont parfois attribués aux Écritures, c'est parce que celles-ci proviennent toutes de
la même source céleste.
Le mot qur'ân revient fréquemment
dans le Livre, accompagné de différents qualificatifs : karîm (noble), hakîm
(plein de sagesse), madjîd (glorieux), 'azîm (très grand), etc. En outre, Dieu
compare le Coran à une lumière destinée à montrer aux hommes la seule voie à suivre :
"Ô vous les hommes ! une preuve décisive vous est parvenue de la part de votre Seigneur :
nous avons fait descendre sur vous une lumière éclatante " (S. IV, 174). Cette lumière
avait été répandue sur l'humanité, et continue à se répandre, par une lampe, en
l'occurrence, le Prophète : " O toi, le Prophète ! Nous t'avons envoyé comme témoin,
comme annonciateur de bonnes nouvelles, comme avertisseur, comme celui qui invoque Dieu -avec sa
permission- et comme un brillant luminaire " (S. XXXIII, 45, 46).
Le Coran a été révélé en arabe pour être
compris, à l'origine, par un peuple arabe : "c'est une Révélation en langue arabe claire
" (S. XXVI, 195), "Oui, nous avons fait un Coran en arabe ! -Peut-être
comprendrez-vous " (S. XLIII, 3). Il est considéré comme éternel et incréé. Le texte
que nous possédons est une copie dont le prototype " Umm al-Kitâb " (la Mère du
Livre) est conservé au ciel sur une Table (lawh) bien gardée : " Ceci est, au
contraire, un Coran glorieux écrit sur une Table gardée ! " (S. LXXXV, 1, 22). Il est du
point de vue phonétique, graphique et linguistique identique à l'original céleste. Sa
reproduction est inimitable (i'djâz) : " Dis : si les hommes et les Djinns
s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne produiront rien qui
lui ressemble, même s'ils s'aidaient mutuellement " (S. XVII, 88).
Il est recommandé de lire et de relire le
Coran, de le réciter à haute voix, tel est le conseil donné par Dieu au Prophète et à tous
les musulmans : " Tiens-toi debout, en prière, une partie de la nuit, la moitié ou un peu
moins ou davantage et récite avec soin le Coran" (S. LXXIII, 2, 3, 4), " Récitez
donc à haute voix ce qui est possible du Coran " (S. LXXIV, 20). Beaucoup de Musulmans
l'apprennent par coeur dès le jeune âge.
Le Tout-Puissant incite les hommes à se
pencher d'une manière clairvoyante sur les données du Coran et à prendre comme base de réflexion
les prescriptions temporelles et spirituelles ainsi que les exemples historiques qui y sont
contenus et qui définissent la conduite à adopter dans la vie : "Nous avons exposé tout
ceci dans ce Coran pour que les hommes réfléchissent" (S. XVII, 41), " Ceci est,
pour les hommes, un appel à la clairvoyance, une Direction et une Miséricorde en faveur d'un
peuple qui croit fermement " (S. XLV, 20).
Cette Direction est universelle car le Coran
ne révèle pas une religion destinée à une seule race, à une catégorie déterminée
d'hommes. L'essence de son enseignement était déjà contenu dans les Livres anciens :
"Ceci se trouvait déjà dans les Livres des Anciens " (S. XXVI, 196). Le Livre saint
est en effet un rappel des " feuillets " d'Abraham, de la Loi de Moïse, des Psaumes
de David, de l'Évangile de Jésus... Dieu revient sur cette affirmation quatre fois en
employant la même formulation et dans la même sourate : " Oui, nous avons facilité la
compréhension du Coran en vue du rappel. Y a-t-il quelqu'un pour s'en souvenir ? " (S.
LIV, 17, 22, 32, 40).
Le Coran a inspiré des oeuvres littéraires,
juridiques, historiques, artistiques, scientifiques, etc. La création étant continue, grâce
à l'aide de Dieu, de nouvelles théories politiques, économiques, sociales, de nouvelles
inventions scientifiques peuvent être conçues en tenant compte de la marche de l'histoire qui
est impitoyable à l'égard des traînards. Tous les problèmes de la vie sont contenus dans le
Coran. Ils n'existent certes pas sous forme de recettes de cuisine mais bien potentiellement. Il
s'agit de confronter, chacun dans son domaine et sa spécialité, la Réalité au Livre sacré
et d'y découvrir les moyens de résoudre ces problèmes.
'Ilm al Yaqin
|